Renato Di Bosso

Renato Di Bosso est le pseudonyme de Renato Righetti, né à Vérone en 1905 dans une famille d’artisans et d’artistes. Son grand-père, son père et son oncle avaient en effet étudié à l’Accademia Cignaroli de Vérone et étaient sculpteurs. Renato Di Bosso, lui aussi, après avoir fréquenté l’École des arts appliqués à l’industrie, s’inscrit à l’Académie Cignaroli où il obtient son diplôme en 1925. Il commence alors à exposer ses premières œuvres à Cuneo, encore influencées par le climat vériste de la fin du XIXe siècle. Un changement important se produit entre les années 1920 et 1930, suite à la lecture de l’ouvrage d’Umberto Boccioni, Pittura e scultura futurista (Peinture et sculpture futuristes), qui l’oriente vers le mouvement futuriste. Renato Di Bosso deviendra ainsi l’un des protagonistes du second futurisme et c’est Marinetti lui-même qui lui donnera le surnom de “Di Bosso” en raison de la passion que notre sculpteur avait pour ce type de bois, le buis, avec lequel il réalisait la plupart de ses œuvres sculpturales.

L’art de Renato Di Bosso entre sculpture et peinture

Renato Di Bosso a été très influencé par le plus grand peintre et sculpteur futuriste mort pendant la Première Guerre mondiale, et un groupe futuriste qu’il a fondé à Vérone en 1931, le “Gruppo veronese futurista Umberto Boccioni”, lui a été dédié. Il a également collaboré à un certain nombre de manifestes, comme le Manifeste futuriste pour la scénographie de l’opéra en plein air des Arènes de Vérone en 1932.

À partir de 1932 également, il commence à s’intéresser non seulement à la sculpture mais aussi à la peinture, en se consacrant notamment à Aeropittura, dont la première œuvre est présentée à l’exposition d’art futuriste de Rome en 1933, Aerovisioni sintetiche simultanee del Lago di Garda, une toile qui est également exposée à la Biennale de Venise en 1934.

Renato Di Bosso utilise principalement le bois, mais aussi des matériaux non conventionnels comme le cristal ou l’aluminium, l’aluminium servant par exemple à créer son célèbre Anticravatte, sujet d’un manifeste que l’artiste avait signé avec son collègue Ignazio Scurto : Manifesto futurista sulla cravatta italiana.

En 1935, il est invité à la deuxième Quadriennale romaine avec Aeropittura : Agello, pilota campione et Milite della Rivoluzione Fascista, un complexe plastique, ce dernier étant une sculpture en bois faux bronze révélant les influences de la sculpture cubiste d’Oleksandr Archypenko. Le sculpteur ukrainien a été l’un des premiers à développer les idées cubistes d’espace-temps dans la sculpture, à appliquer des vides et à expérimenter l’utilisation de différents matériaux dans la même sculpture.

Renato Di Bosso a également réfléchi au problème de l’espace-temps dans l’aéropeinture et l’a surmonté en créant des peintures circulaires rotatives qui, en tournant sur un pivot, permettent différentes visions. Il crée ainsi une synthèse parfaite entre la sculpture et la peinture qu’il affectionne. Un exemple de cette expérience est Aeropittura su tavola rotonda exposé à l’exposition de Milan en 1938.

La fascination de la guerre dans l’art de Renato Di Bosso

À partir du milieu des années 1930, Renato Di Bosso devient le protagoniste d’une épopée figurative consacrée à la guerre.

L’artiste participe personnellement à des vols de reconnaissance, dont l’imagerie se retrouve dans ses œuvres avec de nets accents propagandistes en faveur de l’armée de l’air.

En 1939, lors de la troisième Quadriennale de Rome, il présente deux réflexions sur ce sujet : Aerosculpture of imperial squadrons et Aeropittura di una festa guerriera sul mare. À l’exposition de l’Union fasciste de Milan en 1941, il expose Balilla et Légionnaires en marche ; et en 1943, à la quatrième Quadriennale de Rome, il participe avec deux Aeropittura di guerra et Paracadutista lanciato.

Dans les années 1940, il se consacre également à la gravure sur bois et publie en 1941 le Manifesto dell’Aeroxilografia, bien qu’il ait déjà expérimenté cette technique des années auparavant, en exposant trois gravures sur bois Piazza Erbe, Chiesetta al sole et Madonnina, une Suora (masque de religieuse) en bronze et une sculpture, San Giovannino, à l’exposition du syndicat fasciste de Vérone en 1931, où l’influence du linéarisme et de la synthèse formelle d’Adolf Wildt était encore visible.

Les Biennales de Venise et la rupture artistique

Renato Di Bosso est également invité à plusieurs Biennales de Venise, comme celle de 1934 déjà citée. En 1936, dans le pavillon du futurisme italien, il expose les sculptures en bois Il saluto fascista (Le salut fasciste), Legionari in marcia (Légionnaires en marche), la sculpture polymétallique Soggetto religioso (Sujet religieux), l’œuvre en bois et en plâtre Balilla (Balille) et la sculpture Spiralando su Sabaudia (En spirale au-dessus de Sabaudia).

En 1940, il est invité avec deux aéropostales, Aeroritratto dell’aeropoeta Marinetti, Aeroritratto di Verossì et une sculpture en bois Giuocatore di pallacorda.

La dernière édition à laquelle il participe est celle de 1942 où il expose plusieurs œuvres dont Aeropittura di macchine di guerra, In volo sul villaggio M. Bianchi, Pilota stratosferico (aerosculpture) et des gravures sur bois Regata a vela, Calcio, Motonautica, Ciclismo, Pugilato. L’année 1944 a été très lourde pour notre sculpteur, en effet un bombardement a touché son atelier qui a été détruit ainsi que de nombreuses œuvres qu’il contenait. 1944 est aussi l’année de la mort de Marinetti, le fondateur du mouvement auquel il appartenait. Après ces deux événements, Renato Di Bosso suspend son activité pendant une vingtaine d’années, se consacrant aux antiquités.

Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1960 qu’il reprend lentement ses activités artistiques et d’exposition sur la vague d’une réévaluation et d’une redécouverte de l’art futuriste. Il revient alors à la peinture de ses sujets de prédilection, auxquels s’ajoutent de nouvelles œuvres sur l’aéronautique. Dans les dernières années de sa vie, il s’installe à Negrar di Valpolicella, une ville de la province de Vérone, où il meurt en 1982.