Rembrandt Bugatti

Biographie

Rembrandt Bugatti est le fils de Carlo Bugatti, designer automobile, et son parrain est le sculpteur Ercole Rosa. C’est lui qui a conseillé à ses parents de lui donner le nom de Rembrandt, qui annonce pour le petit un destin d’artiste.
Bien que ses parents l’orientent vers une carrière d’ingénieur, Bugatti montre très vite des dispositions pour la sculpture, ce qui l’amène à s’installer à Paris avec sa famille, rue Jeanne-d’Arc.
Durant ses premiers mois français, il passe beaucoup de temps au zoo de la ville, soucieux d’observer et d’étudier les animaux exotiques, de noter leurs mouvements, leurs anatomies et leurs attitudes. Une sorte d’affection s’établit entre Rembrandt et les animaux du zoo, qui représentent presque les seuls amis de l’artiste, au caractère timide et solitaire.

La sculpture animalière : des surfaces rugueuses et vibrantes

Il commence à réaliser ses sujets animaliers dans son atelier de la rue Duméril, se souvenant des animaux par cœur et exécutant les sculptures rapidement et instinctivement, en gardant à l’esprit, surtout au début, la veine rude et rugueuse de Paul Troubetzkoy (1866-1938), un ami de son père.
Il fait ses débuts à la Biennale de Venise de 1903, avec les deux bronzes Cavalli et Cane, dont les surfaces vibrantes et tourmentées le font immédiatement connaître aux yeux de la critique. Ce n’est que plus tard que la tourmente fut remplacée par une synthèse originale et savante du mouvement et de l’élégance des plans. À l’exposition nationale des beaux-arts de Milan en 1906, il expose Père et fils, L’hippopotame et Dix minutes de repos, tandis qu’à la Biennale de 1907, il présente Cerf chinois, Éléphant et Lion dévorant un os.

Entre Paris et Anvers : un animalier inquiet

À la Biennale de 1910, il présente seize œuvres, dont Tigre bâillant, Chameaux, Deux cigognes, Jaguar, Gazelle, Auroch, Rhinocéros, Groupe de zébus. Épiderme, muscles, poses, mouvements des animaux sont saisis dans la suggestion d’un instant, transférés au bronze sans la médiation d’études et d’esquisses. Marabouts, antilopes, éléphants, tigres, pumas et cerfs figurent dans son répertoire. En 1911, il expose Jaguar assis, Jaguar au repos et Tigre à l’Exposition internationale de Rome. Il participe ensuite à la Sécession romaine en 1913, où il expose sept sculptures, dont Girafe, Deux cigognes et Rhinocéros de trois ans.
En 1914, il participe à sa dernière Biennale avec Singe cynocéphale, Cerf, Éléphant, Antilope et Chèvres. Personnalité remuante, il participe néanmoins à de nombreuses expositions et se lie d’amitié avec le marchand d’art Adrien Hébrard, avec lequel il expose à plusieurs reprises. La guerre le surprend et le choque profondément : il traverse une période très difficile où il se rapproche de la religion. Il est particulièrement bouleversé par l’abattage des animaux du zoo proche du conflit, pour éviter qu’ils ne causent des troubles lors des bombardements. Il se réfugie en Hollande, où il reste quelques mois, mais en 1916, après avoir réussi à rentrer à Paris, il se suicide dans sa maison de la rue Joseph Bara.

Elena Lago