Raul Viviani

Raul Viviani est né à Florence en 1883, mais à l’âge de six ans seulement, il déménage avec sa famille à Milan où il grandit et reçoit une éducation artistique. Il a en effet étudié à l’Académie de Brera et à l’école du nu de la Famiglia Artistica. C’est à l’exposition de la Famiglia Artistica qu’il fait ses débuts, à l’âge de 17 ans seulement, en participant à quelques paysages.

En 1902, il participe à une édition ultérieure, exposant des œuvres très personnelles et originales, à tel point que Centelli, critique du Corriere della Sera, les qualifie d'”excentricités de Viviani”. Cependant, ces œuvres ont été saluées par la critique et ont surtout reçu des commentaires positifs de Vittore Grubicy de Dragon, Arturo Toscanini, Leonardo Bistolfi et Clemente Pugliese Levi.

L’affirmation artistique de Raul Viviani et son départ pour l’Uruguay

En 1906, il expose Naissance de la lune, une œuvre qui remporte un grand succès à l’Exposition nationale des beaux-arts de Milan, où il figure parmi les jeunes artistes les plus intéressants et les plus prometteurs. Cette composition nocturne poétique est appréciée par Ettore Tito et Vittorio Pica.

En 1912, ses œuvres sont acceptées par acclamation et il participe à la Biennale de Venise avec Parabola del giorno, Sinfonia autunnale et Poesia. À cette occasion également, les critiques les plus estimés le couvrent d’éloges et Camillo Boito le nomme membre honoraire à vie de l’Académie de Brera.

Son succès ne se dément pas et il expose dans diverses villes italiennes et étrangères : Rome, Turin, Vérone, Florence, Naples, Milan et Bruxelles. En 1913, il participe à la Quadriennale de Munich, au Palais de Cristal, où il expose son œuvre Poésie, qui est immédiatement achetée.

Viviani continue à recevoir de nombreuses récompenses : en 1913, il reçoit à Rimini la médaille du ministère de l’Instruction publique et, en 1914, il est nommé commissaire artistique de la ville de Milan, poste qu’il occupe jusqu’en 1922.

La même année, il expose 55 œuvres à la Galleria Pesaro de Milan à l’occasion de l’exposition individuelle qui lui est consacrée avec Bernasconi et Marchini. Parmi ces œuvres, citons Madreperla veneziana, Autunno in Lombardia, L’albero e la vela, Un vecchio ponte, Il pelicano, Tramonto, Il faro di Rimini, Il sobborgo dei pescatori, Marina, Verso sera, Sobborgo veneziano, Presso il mare e La strada di campagna.

En 1926, il entame également une carrière de critique d’art, écrivant pour plusieurs journaux, dont “Roma” et “Mezzogiorno”, avant de devenir rédacteur en chef du “Giornale dell’arte” en 1929.

Parallèlement, il continue à exposer dans diverses manifestations artistiques jusqu’en 1931, année où il accepte le poste de directeur de l’Académie de peinture de Montevideo, que lui propose la présidence du gouvernement uruguayen.

Le retour en Italie

En 1937, après six années passées en Amérique latine, Raul Viviani rentre en Italie pour des raisons personnelles et reprend les expositions dans diverses manifestations artistiques, comme l’exposition organisée à la Galleria Pesaro de Milan pour “L’esposizione dei XXXV anni” avec le tableau Dopo la messa ou au Palazzo della Permanente de Milan avec l’œuvre Il parco Rodi in Montevideo, pleine d’influences uruguayennes.

Une autre exposition importante pour lui est celle organisée en 1952 au Centro d’Arte San Babila pour célébrer ses 50 ans d’activité artistique. Parmi les œuvres exposées, citons : La salute, Il ponte degli scalzi, Canal Grande, Alle zattere, Motivo lagunare, Vecchie case, Alla Giudecca.

Raul Viviani décide ensuite de s’installer en Ligurie pour des raisons de santé, mais continue à peindre jusqu’à la fin, qui survient en 1965 à Rapallo.

Un chromatisme très personnel, entre post-impressionnisme et divisionnisme

Raul Viviani est un peintre qu’il est difficile d’inscrire dans un mouvement artistique clairement circonscrit. Certes, sa peinture est influencée par le post-impressionnisme et le divisionnisme tout en restant totalement personnelle et originale.

Viviani aime énormément la nature et en fait le protagoniste de la plupart de ses tableaux, dont il capte les effets les plus évocateurs. Tout au long de sa vie, il a immortalisé dans ses tableaux les lieux de son cœur, de la Toscane à la campagne milanaise, de la Ligurie à l’Uruguay et à Venise, grâce à ses coups de pinceau vibrants, émouvants et dynamiques.

Raul Viviani aime particulièrement l’eau et les surfaces irisées : les canaux, les rivières, les lacs, la mer, qu’il capture aux heures matinales ou au crépuscule. Venise est l’un de ses sujets préférés, qu’il immortalise dans Sobborgo veneziano, La casa dei pescatori, Sera d’agosto qu’il expose à la troisième exposition de la Federazione Artistica Lombarda en 1919 ; dans l’aquarelle Armonia lagunare à la neuvième exposition annuelle de l’Associazione degli Acquerellisti Lombardi ; ou dans l’œuvre portant le titre de la ville exposée à l’exposition personnelle de Milan en 1922, avec Madreperla veneziana, Laguna, Murano et bien d’autres encore.

L’eau reste le protagoniste même lorsqu’il s’installe en Ligurie, réalisant des œuvres telles que Villa Porticciolo à Rapallo, Portofino ou Sulla spiaggia.

Viviani a également réalisé de nombreux portraits, surtout féminins, dans lesquels le trait devient plus vigoureux et plein de lumière, comme Ritratto di gentildonna (Portrait d’une dame) de 1937 ou La dama che sorride (La dame qui sourit).

La technique divisionniste de Raul Viviani enveloppe les lieux et les personnes dans une atmosphère vaporeuse qui adoucit les contours et les formes, nous transportant dans la dimension de la poésie et du rêve.

Emanuela Di Vivona