Mario Cavaglieri

Il se forme à Padoue, rencontre Casorati et, à partir de 1910, envoie ses peintures aux expositions de Ca’ Pesaro et, à partir de 1912, aux Biennales de Venise. En 1912 a lieu la rencontre décisive avec Giulietta Catellini, qui devient rapidement sa muse. À partir de 1925, il s’installe en France, près d’Auch, où il se consacre au plaisir de la peinture, exécutant des portraits, des scènes de plein air et des natures mortes.

Son langage est actualisé par le post-impressionnisme international grâce à une peinture particulière, douce et chromatiquement vive.

Carte : Au centre de la composition, au premier plan sur une table, un bouquet de glaïeuls et d’autres fleurs est disposé dans un vase richement décoré. En arrière-plan, la végétation dense du parc de Peyloubère. Réalisé spécialement pour un panneau dans la maison d’un ami (Vareilles 2006, vol. II, p. 294), le tableau, daté de 1963, fait partie de la production de maturité du peintre et reprend un sujet cher à l’artiste et maintes fois exploré dans l’arc de son œuvre.

Contrairement à nombre de ses tableaux avec des vases de fleurs, dans lesquels le fond presque neutre ferme la composition, ici le fond naturel avec les arbres et les buissons du parc donne au tableau une grande ouverture et une grande profondeur, dans un mélange de nature morte et de paysage. L’artiste, qui s’intéresse à la relation entre l’intérieur et l’extérieur, tend à superposer et même à fusionner partiellement les fleurs au premier plan et la végétation à l’arrière-plan.

La toile de grand format se caractérise par une explosion de couleurs, une dominante chaude avec les terres, les rouges, les oranges et les jaunes en avant, et une dominante plus froide avec les verts et les bleus dans la partie supérieure. Les coups de pinceau matériels, la peinture moelleuse et généreuse sont, avec un goût pour le décorativisme, un trait reconnaissable et original de la peinture de Cavaglieri.

Une peinture qui, dans ses années de formation, avait été actualisée au contact des œuvres d’artistes internationaux comme Ensor, Munch, Klimt, Toulouse Lautrec et Renoir, présents dans les plus importantes expositions italiennes de l’époque, et enrichie ensuite par la découverte à Paris du chromatisme violent des Fauves et de la sensibilité de Bonnard et Vouillard. Dans les toiles de grand format des “années brillantes” (1913-1920), Cavaglieri représente des figures féminines dans des intérieurs somptueux, remplis d’objets précieux, rendus avec une matière picturale toujours riche, parfois tourmentée, héritière non seulement de la couleur vénitienne mais aussi de l’expressionnisme de Kokoscha et de Nolde.

Un expressionnisme qui, filtré par un goût décoratif d’ascendance viennoise, sera le fil conducteur de sa peinture, un style richement évocateur qui lui vaudra toujours les faveurs du public et de la critique. À l’exception des années de guerre, pendant lesquelles le peintre, persécuté par les lois raciales, est contraint de se cacher, Cavaglieri vit, de 1925 jusqu’aux dernières années de sa vie, dans la campagne bien-aimée de Peyloubère, alternant de longs séjours à Paris.

Ses œuvres reflètent son désir d’une peinture plus libre, loin du conditionnement et de la vie mondaine. Une peinture où l’on retrouve les suggestions du post-impressionnisme, mais aussi l’influence de son ami De Pisis. Ses sujets de prédilection sont les paysages, les raccourcis, les natures mortes et les vases de fleurs. Artiste prolifique et infatigable, chez lui la vie et l’art coïncident toujours.