Mario Broglio

Né à Piacenza en 1891, Mario Broglio est un jeune homme au caractère imaginatif et inquiet qui quitte rapidement Piacenza pour Rome afin de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de la capitale. C’est là qu’il entre en contact avec Cipriano Efisio Oppo, Amerigo Bartoli et Francesco Trombadori, avec lesquels naissent un échange culturel stimulant et une profonde amitié.
Ses premiers voyages en Europe commencent, avec des étapes importantes à Paris et à Cannes, grâce auxquelles il se tient au courant des derniers développements artistiques internationaux.
Il existe peu de traces des débuts de Mario Broglio, mais il a certainement fait ses premiers pas dans l’environnement de la Sécession romaine, puis s’est approché du Futurisme, tout en restant autonome et sans jamais adhérer à ce mouvement.

L’après-guerre et la carrière journalistique

L’après-guerre marque le début de sa carrière dans le monde du journalisme et de la critique, en écrivant pour des journaux tels que “Il Tempo” de Giovanni Papini à Rome et le “Giornale del Mattino” de Bologne, dirigé par Maraini.
Ce sont des années d’effervescence et de grands changements. Il passe la plupart de son temps entre le Caffè Aragno et la galerie d’Antonio Giulio Bragaglia, Via Condotti, où il rencontre en 1917 Edita Walterowna von Zur-Muehlen, l’une des personnes les plus importantes de sa vie, tant sur le plan personnel que sur le plan artistique. Edita, peintre balte née à Smiltene, arrive à Rome en 1910 après une formation parisienne et devient d’abord la compagne de Mario, puis son épouse. D’un point de vue artistique, l’association entre les deux artistes aboutira à un véritable travail à quatre mains qui caractérisera leur production artistique ultérieure.

La naissance des “Valori Plastici”

Vers la fin de la Première Guerre mondiale, entre 1918 et le début de 1919, Rome retrouve sa vie culturelle et devient l’une des capitales européennes du vif débat “avant-garde – retour à l’ordre”, soutenu notamment dans les pages de la revue “Valori Plastici” fondée par Mario Broglio en 1918, dont 15 numéros ont été publiés jusqu’au 31 octobre 1921.
Les artistes qui écrivent dans la revue et sont les porte-parole de ce retour à l’ordre sont Giorgio de Chirico, Carlo Carrà, Giorgio Morandi, Arturo Martini, Roberto Melli, Riccardo Francalancia, Edita Broglio et Alberto Savino (en tant que critique mais pas encore en tant que peintre).
Le mouvement s’inspire de l’Antiquité : tout est caractérisé par un classicisme immanent et monumental, les “valeurs plastiques” sont celles du XIVe siècle et de la Renaissance italienne. La revue promeut ouvertement la métaphysique et un large débat international sur l’imbrication de la tradition et de la modernité.

Pour soutenir cette idée et les artistes du groupe Valori Plastici, Mario Broglio se consacre également à l’organisation de deux grandes expositions : la première en 1921 à Berlin, puis à Hanovre et à Dresde ; la seconde à l’exposition florentine de printemps en 1922, où le groupe reçoit une consécration artistique officielle.

Après cet intermède d’expositions, il s’intéresse presque entièrement à la publication de monographies d’artistes, en particulier ceux des XIVe et XVe siècles italiens : les plus célèbres sont Giotto de Carlo Carrà et Piero della Francesca de Roberto Longhi.

En 1927, Mario et Edita se marient et s’installent à Paris, où ils se rapprochent d’Alberto Savinio, des artistes des Forces Nouvelles et sont fascinés par les recherches artistiques d’André Derain.
Le couple d’artistes vit entre Paris, Rome, Cannes, Capri et la campagne sabine, et Mario Broglio poursuit son travail de critique en éditant la série “Valori Plastici” pour Hoepli.

Peinture de Mario Broglio aux Quadriennali de Rome

En 1933, Oppo contacte Mario Broglio à Paris pour l’inviter à la deuxième Quadriennale nationale d’art de Rome, où il expose neuf œuvres en 1935 : Marina meridionale, La contemplazione, La sorgente, La roccia et quatre Nature morte.
Il revient à la Quadriennale suivante, en 1939, avec une salle personnelle exposant 11 œuvres dont Il romanzo (Le roman), Rusticana (Rustique), Ritratto di Miss M. K, La donna e il mare (Portrait de Miss M. K), et Autoritratto (Autoportrait).
Enfin, il participe à une dernière Quadriennale, la Quatrième, avec trois œuvres : deux natures mortes et Le bain dans le parc.
Les toiles exposées reflètent le programme stylistique que Mario Broglio avait défendu dans ses dernières années : les personnages sont figés, suspendus, dans une dimension intemporelle, dont les paysages et l’atmosphère rappellent l’Italie des XIVe et XVe siècles, dans un véritable dialogue avec l’antiquité.

Mario Broglio meurt en 1948, âgé de seulement cinquante-sept ans. Deux ans après sa mort, une grande rétrospective est organisée à la Biennale de Venise, avec 24 œuvres réalisées entre 1910 et 1945, présentée par Carlo Carrà.