Giacinto Bardetti

Né à Quinzano d’Oglio en 1879, Bardetti fréquente la Scuola Comunale di Disegno per Arti e Mestieri de Brescia et se consacre à la sculpture avec la création de Matter, une œuvre colossale aujourd’hui perdue. À Rome, où il s’installe dans la première décennie du XXe siècle, il fréquente la Scuola libera del Nudo de l’Académie des beaux-arts et, à partir de 1908, il commence à travailler dans l’atelier d’Angelo Zanelli, un de ses compatriotes. Entre 1910 et 1911, il travaille à l’exécution et à l’installation des grands hauts-reliefs en plâtre qui forment la frise du soubassement de la statue équestre de Victor Emmanuel II au Vittoriano, le chantier le plus prestigieux d’Italie. C’est sur ce chantier que Bardetti rencontre Gabriele D’Annunzio en 1910, qui commence à le soutenir financièrement et lui commande ensuite des œuvres pour le Vittoriale. En 1915, il fait ses débuts à la Sécession romaine avec l’œuvre (aujourd’hui perdue) Amour maternel. Il épouse Anna Sacerdoti en 1918 et ouvre un atelier Via Margutta, au n° 22 (en 1927) puis au n° 33 (en 1931 et 1935).
À Rome, il s’intéresse très tôt à la sculpture animalière : “En 1912, écrit Piero Scarpa, alors qu’il n’a pas encore d’abri pour travailler, il fréquente assidûment le jardin zoologique. Les sculptures d’animaux qui montrent d’excellentes qualités d’interprétation de la forme et du caractère, appartiennent précisément à cette période. Les plus remarquables sont ses macaques de Barbarie, ses gorilles et ses chimpanzés. Il a étudié ces animaux à Brescia, lorsqu’il fréquentait l’école d’agriculture locale à des fins artistiques. Bardetti réussit à réaliser quelques-unes de ces statues, plus ou moins grandes, et à trouver le soutien financier – bien que très modeste – dont il avait besoin pour progresser” (Scarpa 1924). En 1921, l’artiste expose à la première Biennale romaine un Chimpanzé en bronze de “haute valeur décorative” (Lancellotti 1921, p. 57), suivi du Chimpanzé présenté en 1927 à la Rassegna degli Amatori e Cultori, œuvres qui rappellent la belle Paire de singes exposée ici et le Singe qu’il offre à D’Annunzio en 1925 (placé dans une niche de la salle Cheli du Vittoriale). Ape arriva dans la somptueuse demeure de Dannunzio dans le même coffret que la statue en bronze de Saint François en prière (Frate Sole ou Hymne au Soleil), preuve de son talent de sculpteur animalier. Pour D’Annunzio, il exécuta également un petit Saint François (1927-28) qui fut placé dans les jardins du Prieuré et retiré après 1929, lorsque le Vate le fit souder sur un de ses mille éléphants en métal et le plaça d’abord dans la Salle des Reliques, puis dans le Musée de la Guerre à Schifamondo. D’Annunzio a également acheté neuf bas-reliefs en bronze représentant la tête de Saint François de profil, comme cadeau pour ses invités. Le relief – conçu en 1922 – a été choisi par l’artiste pour décorer sa propre tombe dans le cimetière de Verano et, comme les Singes, il a également été reproduit en majolique. Les reliefs et les plaques en bronze, comme le Cochon inédit exposé ici, dominent sa production en 1928, année où il en présente un ensemble à l’Esposizione degli Amatori e Cultori. Bardetti est mort à Rome en 1972.

Alessandra Imbellone