Dino Martens

Dino Martens est né à Venise en 1894 et a participé à plusieurs expositions nationales dans sa jeunesse. En 1913, il expose deux huiles, Tra i cenciosi et A San Geremia, à l’Esposizione alla Ca’ Pesaro de Venise et, la même année, il participe à l’Esposizione Nazionale di Napoli avec le tableau Pulpiti d’oro (Cathédrale de Milan).

Il se forme à l’Accademia di Belle Arti de Venise sous la direction d’Ettore Tito. Ses premières œuvres sont influencées par le vérisme et le post-impressionnisme, puis adhèrent à ces instances du début du XXe siècle qui ont vu une renaissance des caractéristiques stylistiques italiennes du XVe siècle, enveloppant ses personnages dans une atmosphère magique et raréfiée de tranquillité.

La Biennale de Venise et les expositions nationales

Dino Martens participe à plusieurs éditions de la Biennale de Venise : en 1924, il expose Old Fisherman ; en 1926, il participe avec Young Bride, un portrait probable de sa jeune épouse Amelia Toso ; et en 1928, il expose Bowling Players, un tableau d’une grande vivacité dynamique. L’artiste participe à nouveau à la Biennale en 1930 avec l’œuvre I costruttori (Les bâtisseurs).

Il participe également à d’autres expositions nationales comme l’exposition régionale de Trévise en 1921 avec Impression d’un festin à Naples, Bluettes campestri et Il vetraio. Il est ensuite présent à l’Exposition nationale d’art maritime au Palais de l’Exposition de Rome en 1926 avec l’œuvre La cena dei pescatori (Le dîner des pêcheurs) ; en 1929, il expose trois œuvres Natura morta (Nature morte), le portrait Ginetta Carrara et Cortile (Cour) à la Mostra del Sindacato fascista della Campania à Naples. Il retourne à Venise en 1932 à l’occasion de l’exposition du syndicat fasciste, où il participe à nouveau avec trois œuvres : A Sant’Erasmo, The Hunter et Vignole.

Dino Martens : créateur de verre

En 1952, il revient à la Biennale de Venise sous une autre forme, avec des œuvres en verre. Dino Martens expose en effet dans le pavillon des arts décoratifs, à l’exposition du verre, Saul, Eldorado, Osellaria, Vaso Eldorado, Vaso Zanfirico, Vaso Zanfirico giallo. Le verre constituera un chapitre très important de sa carrière. En effet, dans les années 1920, il s’installe à Murano et accompagne son activité de peintre d’une activité de verrier. Il commence à réaliser des projets et des dessins pour la société SALIR et consacrera désormais l’essentiel de sa production aux arts appliqués. Il comprend le potentiel du verre et apprend à le façonner, en commençant d’abord par une ligne déco, puis en arrivant à des dessins visionnaires pour le début du XXe siècle, à la limite de l’abstraction. Il est également possible de reconnaître une influence de l’artisanat africain dans ses verres, suggestions issues d’un voyage de Dino Martens en Afrique en 1935. De cette expérience, l’artiste a rapporté des couleurs et des formes dérivées des textures des tissus africains, qu’il a traduites dans ses œuvres en verre. Il a continué à travailler principalement comme designer jusque dans les années 1960. Il disparaît en 1970 à Venise.

Le réalisme magique de Dino Martens

Dans sa recherche artistique, Dino Martens s’est également consacré aux paysages, des paysages à l’influence toscane évidente, avec des montagnes et des arbres dénudés, des terres battues par les vents et un monde villageois aux souvenirs archaïques, mais son sujet de prédilection est la figure humaine, et c’est dans les portraits de figures que Dino Martens atteint les plus hauts niveaux de sa production. Il tente de se rapprocher le plus possible d’une réalité objective, en soignant chaque détail, un souci du détail qui se conjugue avec un rendu très intime et sensible des expressions des sujets, comme par exemple dans le Vieux Pêcheur déjà cité.

Il s’agit d’une technique impeccable, qui commence par un dessin net et précis, et l’utilisation de couleurs froides et plates d’une extrême sobriété. Ses sujets sont plongés dans une dimension bloquée. Tout nous ramène à ce climat de retour à l’ordre, au réalisme magique d’Antonio Donghi et de Cagnaccio di San Pietro. Même dans des œuvres riches en personnages comme Les Bâtisseurs, le silence règne, les ouvriers s’appliquent à leur travail, mais aucun effort n’est perçu : les bâtisseurs sont figés dans un temps éthéré, suspendu.

Dino Martens, dans son retour à l’ordre, se tourne en particulier vers les anciens maîtres du XVe siècle, en effet dans ses œuvres on peut voir un regard proche de la peinture de Paolo Uccello, mais surtout de Piero della Francesca.