Cipriano Efisio Oppo

Cipriano Efisio Oppo est né à Rome en 1891 et a fréquenté l’Académie des beaux-arts de la capitale. Après avoir obtenu son diplôme, il travaille pendant quelques années comme restaurateur chez un antiquaire.

Ses débuts artistiques remontent probablement à 1912, lorsqu’il participe à l’exposition de portraits du Circolo Artistico Internazionale de Rome. L’année suivante, il est présent à la IIe Esposizione del Cnag à Naples et à la première exposition de la Sécession romaine, où il expose deux portraits.

Les Sessions romaines et le style expressionniste de Cipriano Efisio Oppo

Cipriano Efisio Oppo participe à toutes les éditions de la Sécession romaine, en 1914 il est présent avec onze œuvres dont : Portrait de Hans Lerche, Dessin d’un nu, et une série d’œuvres graphiques avec des lettres et des dates comme titres, par exemple D. 1914, B. 1913 et F. 1913 ; en 1915, il a exposé six œuvres : Portrait, Bords, Dessin, Aquarelle, Portrait et Arches, ce dernier une vue inhabituelle de Rome et de son Tibre ; dans la dernière édition de 1916, il a participé avec cinq œuvres : Nature morte, Midi, Portrait, Fleurs et Plaisanterie.

Sur le plan stylistique, Cipriano Efisio Oppo s’est d’abord rapproché d’un pointillisme symboliste à la Plinio Nomellini, puis, dans un deuxième temps, il s’est tourné vers des interprétations plus expressionnistes : des couleurs vives et violentes qui créent des contrastes stridents, très proches de la vision du Néerlandais Kees van Dongen.

C’est sous cette impulsion expressionniste que l’artiste fonde le Gruppo Moderno Romano avec Roberto Melli et Vincenzo Costantini.

Au cours de ces années, il collabore également avec des journaux tels que “L’idea Nazionale” et “La Tribuna” en réalisant des dessins satiriques qui seront rassemblés et publiés en 1916 dans la brochure Fuoco !

Le premier après-guerre et le retour à l’ordre

La participation à la Première Guerre mondiale en tant que volontaire s’accompagne d’une blessure qui le contraint à l’inactivité pendant quelques années, et d’un changement stylistique vers les instances classiques du retour à l’ordre, en rejoignant le groupe Valori Plastici. Avec le groupe dirigé par Mario Broglio, Cipriano Efisio Oppo participe à l’exposition florentine du printemps 1922 avec trois œuvres : Paysage, Portrait de mon enfant et Paysage. Cipriano Efisio Oppo devient l’un des représentants les plus significatifs de ce retour à l’ordre romain avec Carlo Socrate et Antonio Donghi.

En 1924, il est également présent à l’exposition L’art italien au cercle artistique de Bruxelles avec Nature morte. En 1926, il participe à l’exposition Novecento et à la Biennale de Venise, où il expose La casta Susanna, un thème à la matrice classique évidente, revisité à travers les valeurs chromatiques de Titien et du Tintoret.

Les relations de Cipriano Efisio Oppo avec le régime et les institutions fascistes

À la même époque, l’artiste devient secrétaire du Syndicat national fasciste des Beaux-Arts, député et membre du Conseil national des Beaux-Arts, et son activité picturale se réduit considérablement, notamment parce que, compte tenu de son rôle, il décide de s’abstenir et de participer plus rarement aux expositions organisées à Rome.

Il participe cependant à la première exposition de l’Union fasciste du Latium en 1929 avec 10 œuvres, dont : Lalletta, Montepulciano, Studio di ritratto, Luciano, La mia famiglia, Susanna, Isabella Oppo et Trinità dei Monti. À la Biennale de Venise en 1934, il expose Eugenia en gris, Ritratto in verde et Ritratto in nero.

Très proche de la figure de Mussolini, Cipriano Efisio Oppo entre en conflit ouvert avec Margherita Sarfatti et son Gruppo Novecento, bien qu’il ait exposé avec eux lors de la première exposition, et tente par tous les moyens d’éloigner Sarfatti de la scène artistique romaine. En 1931, le peintre devient également secrétaire de la Quadriennale romaine et l’exclut avec le soutien du Duce.

Dans les années 1930, il s’intensifie en tant que décorateur pour le Teatro dell’Opera de Rome, le Maggio Musicale Fiorentino et la Scala de Milan. Il réalise ensuite des fresques pour la Casa Madre dei Mutilati à Rome avec Sironi et Santagata.

En 1937, il est nommé commissaire adjoint pour l’étude du plan directeur E42 de l’EUR, aux côtés des plus grands interprètes du rationalisme architectural italien comme Marcello Piacentini, Luigi Piccinato et Ettore Rossi.

En 1940, il participe à nouveau à la Biennale de Venise avec 25 œuvres, dont Luciano avec un char, Il giovane saltimbanco, Lalletta in verde, Il giardiniere, I pesci rossi, Villa Borghese, La comunicanda, Isabella con la rosa, Ritratto della Signora Bottai, Signora con la veletta et Ritratto di banchiere.

Cipriano Efisio Oppo souligne son soutien à Mussolini en adhérant à la République de Salò, même après l’armistice de Cassabile, mais sans exercer aucune fonction politique.

En avril 1945, il est également arrêté, mais il est sauvé par Afro Basaldella, son ancien élève, qui gravite dans les groupes partisans et le met en sécurité à Rome. Il meurt dans sa ville natale en 1962.

Emanuela Di Vivona