Bartolomeo Ardy

Bartolomeo Ardy est né à Saluzzo, dans le Piémont, en 1821. Après avoir participé à la première guerre d’Indépendance, notamment à la campagne de Vicence contre les Autrichiens en 1848, il décide de se consacrer à la peinture au début des années 1850.

Formation à Genève : Calame et Fontanesi

Il se rend en Suisse, où il est l’élève d’Alexandre Calame, peintre romantique qui a accueilli dans son atelier de Genève la grande génération de paysagistes piémontais de la première moitié du XIXe siècle. De Calame, comme tous les autres artistes, il a appris le traitement descriptif et détaillé du paysage, accompagné d’une vision émotionnelle et sublime, clairement romantique dans son approche.

À Genève, Bartolomeo Ardy a également fait la connaissance d’Antonio Fontanesi qui, très proche des traits stylistiques du naturalisme français de l’école de Barbizon, a changé le destin de la peinture de paysage piémontaise, la faisant passer du romantisme à un style plus nettement réaliste, bien qu’avec des notes lyriques et des effets intenses de lumière et de temps.

Le paysage : du romantisme au naturalisme lyrique

Ces innovations cruciales furent immédiatement interceptées par Ardy, qui exposa régulièrement aux Promotrici de Turin de 1851 à 1880, et devint l’interprète d’un paysage lyrique avec de fortes modulations de clair-obscur et un effet scénographique intense, certainement hérité de Fontanesi.

Les sujets favoris du peintre de Saluzzo étaient d’abord les vues de la Suisse, en particulier du lac Léman, puis les vues de la Vallée d’Aoste et du Piémont. Citons par exemple Ricordo della Valle d’Aosta (Souvenirs de la Vallée d’Aoste) et Il Lago di Ginevra preso dalla Tour Ronde in Savoia (Le lac Léman tiré de la Tour Ronde en Savoie), qui a été présenté à sa première Promotrice à Turin en 1851, mais aussi Valle d’Aosta (vue prise dans les environs de Châtillon) exposée l’année suivante.

Vers le milieu des années 1850, le peintre séjourne à Rome, ce que l’on peut constater dans les paysages lumineux et élégiaques peints en plein air dans la campagne romaine: La messe nella Campagna romana (La moisson dans la campagne romaine) à la Promotrice de Turin en 1857, Le paludi di Ostia (Les marais d’Ostie), Mattino ad Ariccia (Matin à Ariccia), à la Promotrice en 1859.

À son retour à Turin, Bartolomeo Ardy, ayant obtenu son diplôme de géomètre, combine son travail de peintre avec celui de constructeur, héritant ainsi de l’entreprise de son père. En même temps, il se consacre à la gravure, sans jamais interrompre ses activités d’exposition à Turin. Parmi les nombreuses œuvres qu’il a exposées au cours des années 1960 et 1970, on peut citer Un mattino sul Lago Maggiore (Un matin sur le lac Majeur), La solitudine (La solitude), La veglia della mietitura (Le sillage de la moisson) et L’inverno in Piemonte (L’hiver au Piémont).

Après avoir suivi le cours de céramique de Giuseppe Devers à l’Accademia Albertina (où il était économe), il a commencé à créer ses paysages sur majolique. C’est le cas de la décoration de la salle à manger en majolique intitulée Sotto i castagni (Sous les châtaigniers), apparue au Promotrice de Turin en 1874. Actif jusqu’à ses dernières années, avec une exposition personnelle à l’Exposition nationale de Turin en 1880, il meurt en 1887 à l’âge de soixante-six ans.

Elena Lago