Augusto Felici

Fils d’un sous-officier de la garde pontificale, Augusto Felici reçoit sa formation initiale au couvent de S. Clemente à Trastevere, puis entre à l’Accademia di S. Luca, où il remporte le deuxième prix de dessin de nu en 1869 et le deuxième prix de sculpture en 1871, en étant également félicité pour ses dessins de nu, et enfin à l’atelier Tadolini Canova. Installé à Venise en 1872, il entre dans l’atelier du fondeur Besarel et, une fois à son compte, ouvre un atelier à Campo Santa Margherita, qui sera ensuite transféré sur le Grand Canal grâce au succès de ses sculptures auprès d’une importante clientèle internationale.

Les débuts de sa florissante activité d’exposition remontent à 1880, lorsqu’un groupe de terres cuites et de bronzes réalisés d’après ses modèles par la fonderie vénitienne de Pasquale Arquati, qui était également antiquaire, fut exposé dans la salle des arts appliqués à l’industrie de la IVe Exposition nationale des beaux-arts de Turin. La création de six panneaux allégoriques en marbre pour décorer l’escalier construit par Camillo Boito entre 1881 et 1886 pour la résidence vénitienne du baron Franchetti et de Sara Rotschild lui apporte une grande renommée. C’est grâce à eux qu’en juin 1887, lorsque le raja de Baroda (une cour qui a été réabsorbée dans l’État indien du Gujarat en 1949) Sayajirao III était à Venise, l’architecte genevois Albert Fillion, son conseiller en Europe, proposa Felici comme sculpteur de la cour. Felici lui dicte une série de conditions dont les frais de voyage en première classe, un salaire mensuel de 2500 francs et la permission de retourner en Italie pour l’été et pendant la saison des pluies.

Le 16 décembre 1889, la paperasse est lancée pour l’engager comme sculpteur de la cour avec une mission de trois ans pour exécuter ” les statues des sujets indiens ” pour la grandiose nouvelle résidence royale de Laxmi Vilas, conçue en style indo-sarrasin avec des assonances néo-gothiques pour être un symbole du nouveau monde qui devait naître de l’union des traditions européennes et asiatiques (Kannès 2015). Au cours de ses cinq séjours à Baroda entre 1891 et 1896, Felici a probablement été le premier à représenter en sculpture des sujets de la vie indienne, des dignitaires de la cour du raja aux types châtelains, comme en témoigne en partie un album de photos conservé par ses héritiers. Les moulages ont tous été exécutés à Venise. L’artiste a été invité à étudier les occasions qui ont pu l’inspirer, comme le sathamarao (combat d’éléphants), ou le portrait du Sadhu, un ascète de la religion hindoue généralement confondu avec un fakiro.

Alessandra Imbellone